Enzo, 18 ans, milite pour plus d'inclusivité !

photo d'Enzo, patient

 Bonjour Enzo, peux-tu te présenter en quelques mots ? 

Je m’appelle Enzo, j’ai 18 ans et je suis en première année de droit. En quelques mots, je dirai que je suis une personne battante, courageuse, ouverte d’esprit et qui se bat pour l’inclusivité mais qui réfléchit comme tout le monde et pas comme une personne handicapée. 

De quel membre as-tu été amputé ?

Je suis né sans main droite et porte donc une main bionique. J’ai eu ma première prothèse à 16 ans car je n’en voulais pas avant et mes parents ne cherchaient pas forcément à m’orienter vers ce choix. 

Photo de la main bionique d'Enzo face à un miroir, formant un coeur avec ses doigts

Comment as-tu découvert U-exist ?

J’ai été placé en maison d’enfant et c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à reconsidérer la question de la prothèse. J’ai pris rendez-vous avec un médecin qui m’a réorienté vers un orthoprothésiste et ce dernier m’a parlé de U-Exist et de leurs designs. Avant ce jour-là, j’ai toujours eu une mauvaise image de la prothèse car le design ne donnait jamais très envie. U-Exist a été une révolution pour moi.

Qu’est-ce qui t’as fait changer d’avis ?

J’ai changé d’avis à ce moment-là car en tant que personne handicapée, on subit des regards. J’ai réalisé qu’avec une prothèse U-Exist on suscite plutôt de l’admiration et de la curiosité. J’ai toujours voulu avoir une prothèse hors de l’ordinaire et aujourd’hui j’en suis très fier. Ça va faire 2 ans que je l’ai maintenant. 

Peux-tu nous la décrire ?

Elle est assez robotique dans l’esprit d’Iron-Man avec des coloris rouge, or et doré. J’aime bien l’esprit robot-futuriste, c’est aussi pour ça que j’ai gardé un gant transparent. Des nouveaux designs de U-Exist sont sortis donc j’ai hâte de regarder pour éventuellement changer. 

Photo de la prothèse de bras d'Enzo

 

Quelles réactions as-tu pu constater ?

Sans la prothèse, ce sont des réactions assez perturbantes et pas forcément agréables mais avec la prothèse U-Exist c’est plutôt de l’admiration, du style “tiens ça change, c’est beau”... j’ai d’ailleurs créé un compte TikTok dessus (@bioniqueman8) qui compte plus de 15 000 abonnés et 2 millions de j’aime. Je m’en sers comme support pour parler d’inclusivité. 

Est-ce que tu constates un avant/après ta prothèse ?

Oui il y en a un. L’handicap je l’ai accepté, mais inconsciemment j’ai toujours le réflexe de mettre mon bras derrière mon dos quand je rencontre quelqu'un car je suis habitué à ce que tout le monde n’ait pas la même approche. Généralement on tombe sur des gens bienveillants, mais ça arrive souvent que l’on s’intéresse à mon handicap plutôt qu’à moi. 

Depuis que je porte une main bionique, j’ai l’impression que l’on s’intéresse plus à moi et à ma personnalité, les gens veulent connaître le cheminement que j’ai eu pour avoir cette prothèse. 

Ta prothèse constitue-t-elle un moyen d’expression pour toi ?

Oui, elle fait ressortir mon côté provocateur. J’aime qu’on la remarque et qu’on s’intéresse à moi. Ma prothèse attire l'œil grâce à ses coloris, son design… donc ça fonctionne. 

Constates-tu un changement de regard sur le handicap de manière générale ?

Oui, de manière générale je trouve que cela change. Après, comme tous les combats ce n’est jamais assez rapide, mais en tout cas ça évolue dans le bon sens. 

Pour ma part, je vais être ambassadeur des personnes en situation de handicap au sein de mon université. Je vais être présent sur des événements (sportifs entre autres) pour représenter cette communauté. Je vais également participer à la réalisation d’une web-série sur le handicap, toujours à la fac. 

Tu as l’impression que les étudiants de ton université se sentent concernés ?

Non pas forcément parce qu’il faut connaître le sujet pour se sentir concerné je pense. Par exemple, on a eu récemment une journée de sensibilisation avec des Professeurs en Activités Physiques Adaptées, qui proposaient une course en fauteuils roulants. C’était une très bonne activité qui montrait bien la réalité des choses car la plupart des étudiants étaient surpris de la difficulté et ont compris qu’il fallait s’y intéresser un peu plus. On a l’impression que c’est facile d’être sur un fauteuil roulant alors que c’est super physique. C’était le but de l’exercice. 

Tu as toujours eu cette volonté de militer ? 

Ça a commencé à partir de la seconde. Je ne me battais pas spécifiquement pour le handicap mais plus pour les différences de manière générale, les sujets d’inclusivité, de discrimination sexuelle, les question de genres… 

En parallèle de mon investissement au sein de l’université, j’organise également des parlements européens d’étudiants. C’est une simulation du parlement européen avec des partis politiques fictifs, on parle de sujets divers, on vote des lois… 

Une volonté politique derrière tout ça ? 

Bien sûr. Ce qui est paradoxal, c’est que dans ma vie je n’ai jamais eu le sentiment d’être reconnu comme une “personne en situation de handicap”, et à la fois mon entourage trouve mon combat extraordinaire donc ils sont prêts à m’encourager et me suivre dans mes activités.

Tu aimerais quelles transformations politiques majeures ?

Les grands changements doivent surtout s’opérer d’un point de vue éducatif. Il faut aborder la situation du handicap à l’école car c’est l’arme qui fera que les gens s’y intéresseront. Moi aussi je regarde les personnes handicapées pour analyser et comprendre, mais la plupart des gens ne se rendent pas compte qu’on est dévisagés. Il est impératif d’éduquer les enfants à cette situation. 

Je n’ai jamais beaucoup vu de personnes handicapées à l’école non plus. Il y a des classes spéciales, on n’est pas mélangés et ça engendre des clivages. C’est comme si on cachait, on trouvait ça humiliant et gênant. Beaucoup de personnes dans cette situation font l’école chez eux car leurs parents ont peur du harcelement et de la discrimination. Alors que le handicap ce n’est pas un défaut pour moi, c’est un avantage. En tant que personne comme telle je m’adapte très vite à une situation car j’ai dû faire ça toute ma vie. Ce ne sont pas que des inconvénients. 

Tu veux faire quoi plus tard ? 

Dans un premier temps je voudrais être avocat puis après je viserai la présidence pour me battre pour les personnes en situation de handicap ou qui ont une différence. J’aimerais être le premier Président en situation de handicap !

1 commentaire

Je connais Enzo, je connais peu de personnes dans une telle résilience. Merci beaucoup Enzo pour cette leçon de courage

Demissy 17 janvier 2023

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